Discours de cloture

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RETOURS DE LA BIENNALE :

NOS REFLEXIONS COLLECTIVES AUTOUR DES AXES DE TRAVAIL

 

 

Axe 1 Éducation Nouvelle et échec scolaire socialement marqué

 

L’échec scolaire socialement marqué apparaît souvent encore comme étant inévitable. Tant on se sent impuissants. Ou pas concernés.

Mais nos échanges ont montré que nous le voyons plutôt reconnu, à combattre comme tel. Apparaissant pour certain.e.s comme un scandale.

Pour nous, il est à éradiquer. Pour cela nous devons savoir le reconnaître, le connaître pour mieux le combattre.

De qui est-ce l’échec étant une question essentielle ?

Les responsabilités changent si on le considère comme l’échec de l’enfant et de sa famille ? De l’institution scolaire. Des enseignants, et éducateurs, des pédagogies en place.

À qui incombe la faute de ce brouillages des origines de l’échec scolaire :

A la forme scolaire coutumière : élèves répartis par tranche d’âge, découpage des horaires, organisation disciplinaire, etc ?

Nous en sortons ! Petit à petit.

Nous sommes ainsi contre l’échec scolaire. Mais parfois des mots autour de l’échec scolaire montre que le trouble est encore là. Que l’héritage d’un contrat scolaire sélectif dont nous sommes les lointains héritiers continue de résister.

Nous affirmons fortement que nous travaillons à le supprimer.

Mais sans poudre de perlinpinpin.

En demeurant garant de l’apprentissage, car à n’importe quel niveau, nous avons un impact sur le parcours de l’enfant.

En Privilégiant le travail en équipe.

En réclamant une formation en Éducation Nouvelle avec des professeurs, des éducateurs, ayant une formation à l’esprit critique.

En nous mettant en veille sur l’opacité de l’évaluation ou l’évaluation cachée (en premier cycle, en primaire on ne se pense pas concerné : On ne sélectionne pas) .

En réclamant à l’état, à nos hiérarchies des positions plus claires.

En travaillant avec nos collègues qui résistent à une vraie bataille de lucidité à mener.

En exerçant une rigueur sur les mises en situation d’apprentissage, les dispositifs, etc



Nos questions :

Faut-il agir avec des stratégies qui vont dans le sens d’une désintoxication à la notation. Une décrédibilisation de la note ? Considérer ces stratégies comme des premiers pas utiles ?

Ou devons- nous aller tout de suite plus loin :

En tentant de rompre avec la double mission institutionnelle qui est demandée le plus souvent à l’école d’éduquer et de sélectionner. En osant Lutter ouvertement, haut et fort, contre un contrat scolaire implicite qui empêche les meilleures intentions pédagogiques.

En mettant en place des débats avec les familles, mais aussi l’ensemble des citoyens.

En Impliquant la presse En créant une vraie résistance

Pour oser : bifurquer ! Pour changer un ordre millénaire … (Raymond Millot. Hommage à lui.)

 

 

 

 

 

Axe 2 Education Nouvelle, éducation globale, éducation populaire

 

Ce que nous affirmons :

L’éducation nouvelle doit sortir de l’école pour croiser l’ambition émancipatrice de l’éducation populaire. Ce croisement soulève l’importance et la nécessité de tiers espaces éducatifs, lorsqu’ils sont pensés en complémentarité : terrain d’aventure, ateliers de rue, école dehors, espaces d’alphabétisations et d’insertion… A ce titre la question sociale se mêle à la question éducative pour ancrer les champs de l’éducation nouvelle dans une dimension sociétale et politique. L’apport de l’éducation populaire et globale peut se situer ici : aller à la rencontre des autres, y compris les invisibles, en décloisonnant à la fois les pratiques, les publics et les métiers. Souvenons-nous des propos de Christine Mahy, qui nous invite à nous décentrer et à ne pas penser à la place de ceux et celles que nous accompagnons. Pensons alors ces tiers-espaces entre éducation nouvelle et éducation populaire, comme des leviers de lutte contre les rapports sociaux de domination. Cela demande d’être au clair sur la portée politique de nos pratiques pédagogiques. Au cours de la biennale, plusieurs expériences nous ont nourrit. Citons les pratiques en pédagogie sociale, les démarches d’accompagnement des personnes illettrées, les ateliers de soutien scolaire des collectifs alpha ou encore les dispositifs d’inclusion des élèves porteur.euse.s de handicap, notamment en Italie.

 

Nos questions sont multiples :

  • Comment donner plus de place aux acteurs et actrices de l’éducation populaire et du travail social dans Convergences pour l’éducation nouvelle ?

  • Comment construire nos alliances à travers des actions et des luttes communes ?

  • Face aux violences institutionnelles, comment instituer nous aussi des cadres qui protègent et nous font tenir ?

 

Axe 3 L’Éducation Nouvelle face à la montée des autoritarismes et des populismes

 

A l’heure actuelle où de nombreux pays connaissent ou voient arriver aux portes du pouvoir des mouvements populistes d’extrême droite totalitaires, autoritaires, génocidaires et fascistes,

rappelons que ces pouvoirs défendent l’ordre établi, les catégories enfermantes et non pas l’émancipation, promeuvent des valeurs conservatrices et non pas progressistes (il faut voir la manière dont ils considèrent les rapports femmes/hommes), ils organisent la société d’un point de vue hiérarchique en classant et exploitant les individus, ce qui est aux antipodes de la démocratie. Ils cultivent l’ignorance, mettant en avant l’opinion et la désinformation au détriment des savoirs et de leurs constructions.

L’éducation nouvelle ne doit pas avoir peur d’aborder des sujets certes complexes mais fondamentaux pour lutter contre ces idées nauséabondes, à l’opposé de nos valeurs. Dans ses démarches elle promeut et favorise la rencontre. Le débat sur le colonialisme doit être davantage travaillé et investi, il nécessite de sortir du déni et d’objectiver les conséquences et actes encore présents dans les sociétés. Les rencontres interculturelles peuvent générer des chocs personnels qui doivent être accompagnés et analysés pour être émancipateurs au niveau personnel et social.

 

La Biennale de 2024 réaffirme que les démarches d’éducation nouvelle consistent à créer les conditions pour que les enfants, les jeunes, les adultes puissent vivre une société égalitaire, juste, fraternelle, sororale et émancipatrice : la co-construction, le pouvoir d’agir, la liberté de croyance et de conscience, la notion de culture dynamique en évolution perpétuelle, la sécurité affective... N’ayons pas peur de dire que lorsqu’une société n’est pas juste, l’éducation nouvelle rappelle qu’il y alors un devoir de désobéissance civile. L’éducation nouvelle internationaliste est un rempart presque naturel pour faire barrage à l’extrême-droite et au néo-fascisme ; elle est au service de l’émancipation de chacun et chacune et des groupes sociaux.

Axe 4 L’Education Nouvelle face au défi écologique

 

Nous affirmions avant cette Biennale que les questions environnementales étaient sans doute l'affaire du siècle. Plus que jamais, il faut y travailler dans nos classes, dans nos structures, dans toute la société.

Les connaissances, la compréhension des phénomènes qui menacent la vie humaine sur la planète sont essentielles mais elles ne peuvent être appropriées par les jeunes que si elles s'inscrivent dans des pédagogies actives qui concernent tous les savoirs, scientifiques, mais aussi littéraires, philosophiques ou artistiques. Des dispositifs de débats, de controverses ou l'utilisation de la fiction sont de bons outils pour confronter des points de vue différents, qu'il faut savoir écouter.

Il convient aussi de travailler à une reconnexion de tous avec leur environnement dont l'humain fait partie.

Reste des questions à approfondir dans les années à venir :

  • comment donner du sens aux « éco-petits gestes » et en faire des leviers pour l'action et non un alibi trompeur ou culpabilisateur

  • comment transformer l'éco-anxiété en volonté d'agir

  • comment favoriser les échanges entre écoles ou entre jedreanes pour comprendre les se situations différentes dans le monde.

  • Comment impliquer les familles dans le cadre d'une coéducation

Sans doute les questions écologiques qui sont éminemment politiques doivent-elles prendre de plus en plus de place au sein des réflexions et pratiques de l'éducation nouvelle.

 

 

Axe 5 : Privatisation et marchandisation de l’école plus largement de l’éducation, coopérations et internationalisme

 

Le système capitaliste libéral montre ses capacités à unifier ses pratiques : méthodes managériales dans l’enseignement, assignation à résidence des élèves, imposition d’une langue d’apprentissage, souvent celle du dominant vers une imposition progressive du monolinguisme.

Le droit à la libre circulation des individus est aussi mis à mal et donc notre liberté d’association et de rencontre au plan international. Au regard de ce qui précède, nous réaffirmons l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme :

1 - Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état.

2 - Toute personne a le droit de quitter tout pays y compris le sien et de revenir dans son pays.

À nous, membres de Convergences de travailler ensemble pour :

- Déconstruire la pensée managériale implémentée dans l’éducation populaire et l’école et valoriser les pédagogies actives.

- Responsabiliser les états sur leur obligation d’organiser un système éducatif accessible et équitable pour toutes et tous.

- Repenser la mixité sociale dans les quartiers pour qu’elle existe dans les écoles et tout lieu de vie.

- Élaborer des moyens de coopération pour soutenir les éducateurs et éducatrices qui sont dans des contextes de crises ou de conflit.